Julie Petters Desteract: “Le moment que je préfère à Istanbul c’est pendant le ramadan. J’adore aller célébrer “iftar” à Eyüp..”
Julie Peters Desteract.. Je l’ai connu à Istanbul quand elle donnait des cours de textile à l’Université Yeditepe.. Une amie de coeur, une artiste et une voyageuse. C’est une personne qui vit à sa façon.. Beaucoup d’entre nous ont envie de faire de même mais n’y arrivent pas facilement.
Je vous avais connu à Istanbul, maintenant vous vivez en Chine. Pouvez vous nous parler un peu de votre vie aventureuse?
J’habite en Chine depuis cinq ans, je suis professeur dans une école internationale où j’enseigne l’art à des enfants chinois qui ont vécu à l’étranger et qui reviennent en Chine pour retrouver leurs racines. En temps qu’artiste j’utilise des traditions chinoises qui sont très importantes pour moi: le textile et le théâtre d’ombres.
Vous êtes une collectionneuse des tissus… Quel est l’influence des cultures sur les tissus des différents pays du monde?
J’ai choisi d’étudier et d’utiliser ces techniques, aussi bien pour leur beauté plastique que pour l’histoire qu’ils portent, dans une création contemporaine. J’ai réalisé une installation plastique et aussi une pièce de théâtre d’ombres. A travers ces média je rencontre des gens et avec lesquels j’apprends sur le passé mais aussi sur le présent. Nous questionnons les futurs possibles. En tant que professeur, j’essaie de sensibiliser mes élèves à ces questions qui pour moi sont très importantes.
Le bonheur c’est quand on est avec les gens qu’on aime, dans un endroit qu’on aime et qu’on fait ce qu’on aime. Peu importe avec qui, en faisant quoi et où… l’important est d’apprécier ce que l’on a au moment présent.
Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles j’aime Istanbul passionnément. Istanbul est comme un tissage; fait d’une multitude de liens différents, de fils venus d’ailleurs et d’influences diverses, et où tout se rejoint depuis déjà bien longtemps et semble vivre en bonne entente. (Même si cet équilibre est constamment mis à l’épreuve. Pour moi Istanbul représente un espoir pour le monde musulman et la relation entre l’occident et l’orient.
J’ai eu aussi la chance d’enseigner deux cours de textile a l’université de Yeditepe mettant en relation la vie des étudiantes (ces «jeunes femmes modernes») avec des traditions ancestrales. Je pense qu’elles ont été étonnées et séduites.
Pourriez vous définir votre Istanbul en cinq sens, comme l’odeur, le son, la vue, le goût et le touche?
Le moment que je préfère à Istanbul c’est pendant le ramadan. J’adore aller célébrer “iftar” à Eyüp. Le moment où on remonte la corne d’or en passant devant des mosquées magnifiques et qu’on arrive au plus grand pique-nique du monde ou des familles entières se sont réunies pour être ensemble et attendre un moment qui leur est cher. La ferveur générale, l’odeur de la nourriture qui se prépare, les bavardages des femmes, les babillages des enfants, le soleil qui se couche et soudain tous les Minarets qui chantent en même temps, faisant écho dans les collines et sur le Bosphore.